"NOSTALGHIA" 2012-2014

par CUNIN JOEL - 6 Mars 2013, 18:45 - Catégories : #PEINTURES

Portant récemment un regard sur la série de toiles travaillées depuis quelques mois, tout en tentant de leur donner une identité commune, identité ayant trait au sentiment qu'il peut se dégager d'elles, le mot "Nostalghia" m'est soudainement venu à l'esprit. Ce titre qui est celui d'un film d'Andreï Tarkovski, aborde l'exil d'un homme et ses souvenirs. Tarkovski disait « Je défends l’art qui porte en lui une nostalgie de l’idéal. », phrase en plein accord avec la pensée qui guide mon travail actuel.

J'ai repensé également à une interview donnée par un autre très grand cinéaste, Federico Fellini, au Magazine Studio dans les années 1980. Il y parle de la nostalgie et de la très grande place qu'elle peut tenir dans le processus créatif.

En voici un extrait.

"LA NOSTALGIE AVANT TOUT"

"À la mémoire, je préfère la nostalgie. Dans la mesure où elle n'est pas trop douloureuse ou bouleversante, dans la mesure où elle ne l'envahit pas trop, la nostalgie est, pour un créateur, un sentiment très enrichissant. Elle rend le présent plus... présent, plus fort, plus coloré, , plus prenant, plus fascinant. Et pour qui doit exprimer - à travers la poésie, la littérature, , la musique, la peinture et aussi le cinéma – un sentiment plus complexe, plus riche de l'interprétation de la vie, la nostalgie fait partie, je crois, d'une atmosphère dont on ne peut se passer. Elle est le témoignage que nous avons rencontré d'autres gens, que nous avons vécu d'autres choses, d'autres moments et peut-être aussi d'autres vies... La nostalgie est un sentiment qui rend le présent transparent : elle n'est pas seulement le reflet de quelque chose de passé, elle permet de vivre le passé avec le présent – ce qui forcément enrichit le présent. Je crois que le créateur qui s'exprime réellement à travers son art, vit toujours dans un équilibre instable entre la nostalgie et le pressentiment. Et c'est dans cet espace impalpable que se déroule cette opération magique, ce miracle qu'on appelle art..."

Federico Fellini pour le magazine Studio 1987.